La Préhistoire

Les premières grandes armées équipées : rome

Les tentes militaires romaines

Rome est la première nation à avoir exploité le concept de tente militaire. Les camps et leur qualité de conception ont largement contribué à assurer la sécurité de la vie des soldats lors des déplacements et ont ainsi mené à une expansion de l’Empire.

Petit point lexique : le mot tente vient du mot tentorium qui signifie “tente” mais également “ciel”. En effet, de manière très poétique le ciel était considéré comme une vaste tente azure protégeant la Terre.

En Europe, le climat pluvieux imposait l’utilisation de carrés de cuir cousus entre eux afin de conserver une relative imperméabilité. Dans les régions plus au sud et à proximité du bassin méditerranéen, on trouvait des tentes fabriquées avec des fibres naturelles tressées plus légères. On peut en effet retrouver des mentions faites à des « maisons de lin » ou encore des « maisons rondes de canevas ».

Les formes les plus répandues dans les armées romaines étaient :
– la tente toile tendue avec ossature en bois (forme canadienne) ;
– la tente chapiteau ;
– la tente conique ou pyramidale.

Ces formes continuent d’être les plus utilisées de nos jours, en dehors des tentes traditionnelles comme le tipi, la daboyta, la khaïma aussi appelée guidhoun/guittoun (nom que les scouts donnent encore à leur tente) ou encore la yourte de forme circulaire.

Avec Rome sont apparues les tentes médicales, en lien avec la professionnalisation des armées d’Auguste. Chaque corps disposait d’un ou plusieurs médecins militaires (aerarium), engagés au sein d’un établissement de santé nommé Valetudinarium pour des périodes de 16 années. Chaque camp militaire possédait son Valetudinarium. Les plus grands accueillaient jusqu’à 500 lits. Les médecins militaires étaient mieux formés que nombre de leurs homologues civils.

L'organisation de l'armée romaine

L’armée romaine était conséquente. Sous le Haut-Empire romain, elle comptait 300 000 soldats, dont 250 000 légionnaires et 50 000 auxiliaires.

Un peu de calcul et de vocabulaire à présent.
L’unité élémentaire de la légion romaine est la centurie, composée de 80 à 100 légionnaires commandés par le centurion. En comparaison, aujourd’hui, une compagnie ou un escadron est constitué d’environ 150 soldats et commandé par un capitaine, du latin Capitaneus (qui est en tête) dérivé de caput (la tête).

La centurie se décomposait en une dizaine de modules appelés contubernium (équivalent d’une section). Cette section se partageait une tente et bénéficiait d’un équipement de cuisine, d’un ensemble d’outils et d’une mule pour le transport. De plus, elle disposait aussi de deux serviteurs.

Une légion romaine était constituée de 60 centuries de près de 6 000 contubernia, soit 4 à 6 000 légionnaires. L’équivalent, de nos jours, d’une brigade avec ses 4 ou 5 régiments (ou GTIA : Groupement Tactique Inter Armes). La centurie disposait d’environ 12 tentes qui formaient un rectangle de 36 mètres de longueur sur 8 mètres de large.

En mouvement, les légions construisaient à chaque fois une fortification de leur camp. Ces camps avaient presque toujours une forme rectangulaire et pouvaient accueillir plus de 6 500 hommes ! On y logeait entre 8 et 10 soldats dans chacune des tentes.

Un petit calcul tout simple : 6 500 divisé par 8… Soit un peu plus de 800 tentes sur un seul camp et autant de mules pour les transporter !

Mais alors comment toutes ces tentes étaient-elles disposées ?

L'organisation du camp militaire romain

Tout cela imposait une logistique de circonstance : la construction des camps répondait à une codification précise ne laissant que peu de place à l’initiative. Les camps étaient presque toujours un multiple de 94 mètres. Les convois de mules chargées des tentes suivaient le train de combat. Les muletiers installaient les tentes pendant que la troupe menait le travail de retranchement et que la cavalerie s’assurait que l’ennemi n’approche pas.

Il fallait une à deux heures de travail même pour une seule nuit, pour la construction de l’enceinte. Un fossé de profondeur et largeur variable, ainsi qu’une accumulation de terre, appelée un agger, de 3 mètres d’élévation par rapport au fond du fossé. Parfois, la butte de terre était associée à une palissade de pieux, pointus aux deux extrémités, d’environ 1,7 mètre. Des interruptions de la fortification créaient des portes d’entrées. Un fossé et un talus se trouvaient en amont de l’ouverture formant une chicane qui empêchait l’irruption de la cavalerie adverse en stoppant son élan.

Les tentes des légionnaires romains étaient relativement petites. Elles mesuraient environ 3 mètres de longueur, 1,5 mètre de largeur et jusqu’à 2,20 mètres de hauteur. Elles étaient conçues pour abriter 8 soldats. On s’y tenait chaud.

Ces tentes étaient appelées papilio, à cause de la forme qu’elles prenaient lorsqu’elles se trouvaient étendues sur le sol. Chaque tente formait un carré de 3 mètres sur 1,5 mètre. Dans le camp, les 10 tentes de la centurie occupaient un espace rectangulaire de 36 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur, fournissant ainsi un hébergement collectif pour les légionnaires.

La tente prétorienne, utilisée par les chefs militaires de l’empire romain, était un espace stratégique qui dépendait des préférences personnelles et politiques du propriétaire (l’empereur). César, par exemple, avait fait le choix de doter cette structure simple de carrelages et de mosaïques. Elle était contrôlée par des serviteurs pour assurer la sécurité du chef, ce qui en faisait un lieu relativement intime et protégé. L’accès à cette tente nécessitait le plus souvent une invitation personnelle. Les réunions à l’intérieur étaient principalement des conseils militaires et des repas donnés par le chef. Toutefois la confidentialité de ces rencontres était grandement compromise par la proximité des soldats autour et la conception même de la tente.

Les camps servaient aussi de base arrière pour permettre aux soldats de se battre sans être contraints par leur logistique. La légion était soit expeditat (débarrassée de son barda) soit imperdita (embarrassée par ses bagages personnels, mais aussi les tentes, les mules, l’artillerie, l’argent, le butin et parfois même les otages).

Ce focus sur les tentes militaires romaines nous offre un aperçu fascinant de l’organisation logistique et de la vie quotidienne dans les camps de l’armée romaine.