La Préhistoire

La tente orientale

La propagation de la khaïma en Orient

La khaïma est une tente berbère. En arabe, « khaïma » signifie tout simplement « tente ». C’est un modèle très répandu en Orient. De structure rectangulaire ou carrée, elle est soutenue par une armature en bois recouverte d’une toile faite à partir de coton ou de poils de chèvre. Le tout est sécurisé par des cordes fixées au sol. Cette structure extrêmement résistante permet aux hôtes d’y être protégés des températures extrêmes.

Cette tente est généralement divisée en deux parties. La première dite masculine est réservée aux tâches de la vie quotidienne. C’est ici que sont accueillis les invités. Elle sert de lien avec l’extérieur. En revanche, la deuxième partie dite féminine, est consacrée à l’intimité et au privé, et sert notamment de lieu où dormir.

Originaire d’Afrique du Nord, elle est l’habitat des populations nomades de cette région du monde. Mais les nombreux mouvements migratoires et les conquêtes islamiques au fil des siècles, ont fait qu’elle s’est retrouvée au Moyen-Orient et en Asie centrale. La khaïma est ainsi présente dans des pays d’Orient comme l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan, ou encore le Pakistan.

La khaïma est devenue avec le temps, un réel symbole de l’identité culturelle des populations nomades. Élément indissociable de leur quotidien et de leur survie, elle a traversé les siècles, jusqu’à être utilisée encore aujourd’hui par les populations nomades, ou semi-nomades qui ne se sont pas encore totalement sédentarisées.
C’est le cas des Bédouins, un peuple berbère d’Arabie centrale et du Moyen-Orient (mais également d’Afrique du Nord). En effet, dans leur culture, la tente est un élément essentiel de leur identité : elle incarne un symbole culturel puissant. Sa structure reprend celle de la khaïma et son fonctionnement en deux parties, et la toile est faite à partir de peaux d’animaux. Selon le nombre de poteaux qui la soutiennent, son nom change. Qutba pour la tente à un seul poteau. Et mtawsï pour une tente à neuf poteaux.
La tente bédouine n’a pas vraiment changée depuis l’Antiquité, ce qui montre la permanence des traditions bédouines à travers les siècles.

La propagation de la yourte en Orient

La yourte est une tente aisément reconnaissable à sa structure ronde. Elle serait apparue il y a environ 2 000 ans. Cependant, son origine demeure quelque peu incertaine. Le mot « yourte » est d’origine turque. Et en mongol, « yourte » se dit « ger » qui veut dire maison. Les historiens ne parviennent pas à s’accorder sur le sujet : selon certains, elle serait originaire de Mongolie et aurait été diffusée lors des conquêtes de ce peuple de l’Asie centrale en Asie occidentale, tandis que d’autres affirment qu’elle est originaire d’Anatolie (Turquie actuelle) et qu’elle a été importée lors des conquêtes turques. Dans les deux cas, la tente n’est pas restée représentative d’une seule population du monde mais s’est propagée à plus grande échelle.

Ce qui est sûr, c’est que la yourte est une tente circulaire à toit rond ou conique, facilement démontable et transportable, ce qui fait d’elle un abri parfaitement adapté à la vie nomade. Elle est recouverte de feutres ou de toiles tendues sur l’armature et fixées au sol avec des cordes. Elle est composée d’une armature en bois, ce qui la rend résistante aux intempéries. Afin de renforcer sa solidité, elle est parfois soutenue par un ou plusieurs poteaux intérieurs.

La yourte est généralement construite de sorte que l’entrée soit située au sud et l’autel au nord. Elle est traditionnellement scindée en deux parties : la partie des hommes, située à l’Ouest (réservée aux outils, aux selles et aux armes) et la partie des femmes, située à l’Est (destinée aux outils de cuisine et aux aliments). La partie nord de la tente est la plus honorable : on y installe les anciens, les chefs de clan, et les visiteurs. On peut relever le caractère hospitalier inhérent à cette tente, comme c’est le cas pour de nombreuses tentes de populations nomades.

La yourte a été grandement utilisée par les grands khans, les généraux et les seigneurs de guerre de l’empire mongol fondé en 1206, qui fut le plus grand empire de l’Histoire. Les soldats de l’armée mongole dormaient dans des yourtes un peu plus légères, pouvant abriter jusqu’à 10 cavaliers. Les conquêtes mongoles et l’utilisation de la tente par ce peuple pourrait être une explication plausible à leur présence en Orient.

Les tentes mongoles de Gengis Khan

Gengis Khan unifie les tribus mongoles en 1206, devenant le “Roi des Océans”. Son ascension commence par une enfance difficile, marquée par la trahison et la lutte pour le pouvoir. En tant que leader, il réforme l’armée, introduisant une discipline stricte et des tactiques innovantes, telles que l’utilisation de cavalerie légère et de stratégies psychologiques pour semer la terreur.

Sous son commandement, les Mongols conquièrent d’immenses territoires. En 1209, ils soumettent les Xia occidentaux, puis en 1211, ils envahissent l’Empire Jin en Chine du Nord. Sa campagne la plus célèbre est contre l’empire Khwarezm en 1219, en représailles pour la trahison de ses marchands. En seulement deux ans, Gengis Khan détruit cet empire, illustrant sa brutalité mais aussi son efficacité militaire.

Gengis Khan parcourut durant sa vie des distances inouïes déplaçant ses armées et sa cour. On le représente souvent sous une tente magnifiquement décorée pour signifier la conquête et la puissance.

Gengis Khan est également un administrateur visionnaire. Il instaure des réformes, telles que l’écriture mongole et un réseau de communication à travers l’empire. À sa mort en 1227, son empire s’étend de la mer Caspienne à la mer Jaune, laissant un héritage durable sur l’histoire mondiale. Ses descendants poursuivent son œuvre, élargissant encore l’empire et influençant durablement les cultures et les nations conquises.

La karaçadïr et la keçeci çadiri en Turquie

La karaçadïr et la keçeci çadırı sont des tentes traditionnelles des peuples nomades de Turquie. La première est appelée tente noire en référence à la couleur de sa toile faite de poils de chèvre bruns et noirs. La seconde est traditionnellement fabriquée en feutre de laine de mouton. Les deux offrent une protection efficace contre les intempéries et le soleil.

À la différence de la topak ev, qui est une habitation fixe, la karaçadïr et la keçeci-çadırı sont particulièrement légères et peuvent être aisément transportées à dos de chameau, de cheval ou d’âne. Elles disposent de 3, 5 ou 7 piquets selon leur taille.

La karaçadïr a été associée aux bergers, aux chefs de guerre et aux guerriers. Entre le XIVe et le XVIIe siècle, son utilisation par les Betkik, une communauté religieuse des Turkmènes, à la demande du Sultan, a notamment permis d’assurer la garde du pont d’Hortu par lequel passaient inévitablement les caravanes de la route de la soie. Les tentes servaient alors de postes de garde et d’observation afin d’intercepter les bandits.

Quand la karaçadïr ne dispose pas de ce caractère guerrier, elle symbolise l’hospitalité, la communauté et le mode de vie traditionnel.