La Préhistoire

La tente de la renaissance à l’époque moderne

Le faste, tentatives diplomatiques - François 1er

L’une des tentatives diplomatiques emblématique de cette période est l’entrevue du Camp du Drap d’Or qui s’est déroulée du 7 au 24 juin 1520, près de la ville de Guînes, dans le nord de la France. Cet événement a réuni le roi François Ier de France et le roi Henri VIII d’Angleterre.
À cette époque, les relations entre la France et l’Angleterre étaient complexes et souvent conflictuelles. Les deux nations étaient rivales sur le plan militaire et politique, notamment en raison des revendications territoriales en France et des alliances changeantes en Europe.
François Ier et Henri VIII cherchaient cependant à renforcer leur alliance contre Charles Quint, l’empereur du Saint-Empire romain germanique, qui représentait une menace commune pour leurs ambitions respectives en Europe.

La rencontre eut lieu dans une plaine entre Ardres (France) et Guînes (Angleterre). Les préparatifs pour cette entrevue furent grandioses, impliquant la construction de tentes fastueuses et la décoration luxueuse du camp, d’où le nom de “Camp du Drap d’Or”.
Festins somptueux, tournois, joutes, spectacles, démonstrations de richesse et de puissance militaire, les deux rois rivalisèrent d’opulence afin de s’impressionner l’un et l’autre.
Malgré cette débauche de faste, l’entrevue n’aboutit à aucun des accords politiques ou militaires durables. Peu de temps après, Henri VIII et François Ier se retrouvèrent à nouveau en opposition, toujours à cause de leurs relations avec Charles Quint.
Le Camp du Drap d’Or est souvent cité comme un exemple de la magnificence et de l’extravagance de la Renaissance. Il marqua les esprits par son éclat et fut largement représenté dans l’art et la littérature de l’époque.

L’entrevue du Camp du Drap d’Or reste un moment emblématique de l’histoire européenne, et plus particulièrement des relations franco-anglaises, symbolisant à la fois la diplomatie de la Renaissance et les rivalités entre les grandes puissances de l’époque. Bien que son impact diplomatique immédiat ait été limité, son éclat et sa magnificence en ont fait un événement mémorable dans l’Histoire.

Les tentes royales, la cour se déplace

À l’époque moderne, l’importance des tentes royales prend davantage d’ampleur. Symboles de richesse et de pouvoir, elles contribuaient à montrer la puissance du monarque au cours de ses déplacements militaires et diplomatiques. Elles lui permettaient de poursuivre ses habitudes et les rites de la Cour même lorsqu’il partait en déplacement.

Chaque tente possédait sa propre fonction. On retrouve les mêmes tentes spécifiques que celles employées au Moyen-Âge : la tente de chambre, la tente garde-robe, la tente de banquet… Mais ces dernières ont pris des proportions encore plus impressionnantes ! Imaginez ceci : une tente d’une superficie de plus de 70 m2 et d’une hauteur de 6,50 mètres, richement décorée et fournissant un confort proche de celui que l’on peut trouver à la Cour. Cette tente était réservée aux repas du roi Louis XV.

On retrouve, toujours dans la lignée du Moyen-Âge, l’importance de la pratique du culte. Une tente chapelle était donc là encore partie prenante de chaque déplacement.

À partir de 1673, apparaissent de nouvelles structures en bois appelées maisons de bois. Particulièrement luxueuses, elles assuraient tranquillité, stabilité et confort tout en augmentant considérablement le prestige. La grande maison de bois, par exemple, comprenait des espaces comme le cabinet du roi, la garde-robe et la chambre du Conseil, chacun décoré avec luxe et élégance. Ces améliorations visaient à répondre aux besoins du souverain et à témoigner de son statut, même lors de ses déplacements en compagnie de son armée.

Le bois est un matériau lourd et difficilement transportable, ce n’est pas le plus adapté pour des déplacements. Pourtant, ces maisons de bois entourées d’une enceinte de toile étaient conçues de manière à être démontables et emmenées en campagne. Une véritable prouesse technique et logistique qui impressionnait autant que ce qu’elles incarnaient.

Le roi ne se déplaçait pas seulement avec ses soldats : il était accompagné de courtisans, ministres et ambassadeurs, logés dans leurs propres tentes, montées non loin de celles du monarque.

Toutes ces tentes royales, mini reproductions éphémères des rites de la Cour, constituaient une réelle mise en scène de la splendeur de la royauté française et nécessitaient une organisation millimétrée.

La logistique, toute une histoire !

Malgré ces prouesses techniques, le montage du camp impliquait un travail prodigieux et un savoir-faire de spécialiste et prenait beaucoup de temps. Le transport des maisons de bois du roi par exemple, nécessitait une vingtaine de chariots tirés par quatre chevaux chacun. Le montage des tentes ne se faisait guère de façon hasardeuse : il s’agissait de respecter à la lettre un plan de campagne préétabli intégrant toutes les contraintes de servitude et capable de s’adapter aux particularités du terrain choisi pour l’installation.

Du fait de cette organisation difficile, sous Louis XIV, de nouvelles charges sont apparues comme le capitaine-concierge, le garde général des tentes et pavillons de guerre ou encore le vaguemestre (officier chargé de la conduite des convois militaires). Puis, sous Louis XV, ces dernières ont disparu au profit d’un système hiérarchique au sein duquel les valets de chambre furent directement responsables de la tente, sous l’autorité du secrétaire d’Etat de la Maison du roi. Ces valets payaient des soldats en échange de leur aide pour les travaux de force.

Bien que le monarque accompagnait ses troupes à la guerre, il ne faut pas s’imaginer que le roi de France plantait ses tentes aux côtés de celles de ses troupes non loin du champ de bataille. Le camp était monté dans des jardins ou des vergers, près de structures (château, abbaye, presbytère) déjà présentes. Il s’agissait principalement d’ajouter de la surface à celle déjà existantes des bâtiments, afin de pouvoir installer tout le matériel nécessaire à la reproduction des rites de la Cour. Pour ce faire, des magasins, des écuries ou encore des fours étaient exclusivement destinés à la Maison domestique. La sécurité du souverain était de se fait plus facilement assurée, et l’image d’un roi conquérant accompagnant ses troupes étaient respectée.

En 1666, le roi Louis XIV lance une commande monumentale de tentes royales comportant plus d’une centaine de tentes ! Cette lourde commande a nécessité l’intervention de tapissiers pour la réalisation des toiles de tente et de peintres professionnels pour la décoration des tissus. Produites en prévision de la guerre de Dévolution à venir, cette commande met en lumière le rôle indispensable de la tente lors des conflits.

Sous Louis XV, le château de Vincennes servait, en temps normal, de lieu de production et de réparation des tentes. En cas d’urgence, l’entièreté du château et de son personnel était mise à la disposition de cette production, comme à la veille d’une campagne militaire par exemple.

Cette exploration des tentes miliaires à l’époque moderne met ainsi en lumière l’ingéniosité des camps militaires et montre combien la valeur symbolique reste forte mêlant exposition de la puissance de l’armée et grandeur du roi de France.

Mais les tentes pouvaient également être un symbole capital dans l’établissement de relations diplomatiques pérennes avec des puissances étrangères …

La tente turque de Louis xv

Alors qu’il n’était encore qu’un enfant en 1721, Louis XV reçoit en cadeau, par l’ambassadeur turc Yirmisekiz Çelebi Mehmed Efendi, une tente richement décorée. Présentant des ornements en or et en argent elle était constituée d’étoffes de satin et de coton. Ce magnifique présent revêtait une signification diplomatique d’une grande importance, elle se voulait symbole de paix entre l’Empire Ottoman et le royaume de France.

C’était une tente Keçeci Çadırı très colorée en feutre de laine de mouton : rouge, blanc, bleu. Elle était à la mode turque de l’époque. Elle était accompagnée par un ensemble de meubles plus fastueux les uns que les autres. Nacre de perle, coton, satin… Les plus somptueux matériaux étaient au rendez-vous.

Destinée à l’accueil des visiteurs de la cour militaire, elle pouvait recevoir une vingtaine de personnes. Elle servait principalement à accueillir les magistrats du parlement de Paris.

Elle disparut malheureusement au cours de la Révolution Française, mais les archives en conserve trace, et relatent qu’elle était l’une des plus remarquables des tentes royales.

De nombreux portraits des souverains les représentant dans leurs tentes ont été peints. On montrait ainsi le roi en campagne, auprès des hommes à proximité immédiate des combats, avec des cartes ou un bureau pour montrer son implication dans la stratégie, ainsi qu’avec son armure pour illustrer le risque ou encore dans un environnement somptueux pour signifier sa puissance.

Les tentes militaires, bien qu’utiles aux soldats et aux démonstrations de puissance des rois, pouvaient également revêtir une symbolique toute autre dans les relations internationales. Plus proche de nous, en 2007, le leader Lybien Mouammar Khadafi a fait défrayer la chronique en installant sa tente bédouine dans les jardins de l’hôtel de Marigny. Ce dernier n’en a pas fait cadeau à la France mais elle lui a servi de lieu de négociations et de discussions d’accords stratégiques.

L’époque moderne touche à sa fin et laisse place au XIXe siècle de l’époque contemporaine, signant la fin de la monarchie par une Révolution Française sanglante. Malgré un changement radical de régime, les guerres se poursuivent, et les tentes militaires ne perdent pas de leur intérêt.