La Préhistoire

La tente africaine

La Mapalia

Les peuples nomades d’Afrique du Nord utilisaient eux aussi des tentes traditionnelles. La plus ancienne de la région est la mapalia.

Dans l’Antiquité, le terme « mapalia » désignait les habitations des populations nomades de la Numidie, royaume berbère situé principalement en Algérie mais également partiellement en Tunisie, en Libye et au Maroc. Plusieurs auteurs romains ont employé ce terme dans leurs œuvres, comme Virgile (poète) ou Salluste (historien) et attestent ainsi de son existence.

On trouve sa trace dès le 3ème siècle avant J.-C. Elle est en forme de coque de bateau renversée ou de forme ronde. E lle était construite à partir de végétaux locaux, principalement des roseaux pour les joncs, et du chaume pour la couverture.

Afin de répondre aux exigences de la vie de nomade, la mapalia se devait d’être une habitation mobile, légère et aisément démontable. Lors des déplacements, elle était transportée sur des chariots. On retrouve aussi des installations de mapalia devant la maison des maîtres pour y loger les esclaves (comme c’est le cas sur la mosaïque de la page de droite)

Au fil des siècles, la mapalia a disparu : elle a été supplantée par la khaïma, à la suite de conquêtes arabes (647 – 709) qui impactèrent nécessairement les modes de vie des populations conquises. Plus spacieuse, plus résistante aux intempéries et plus facile à monter et à démonter, elle fut une étape importante dans l’évolution de la tente nomade en Afrique du Nord. Vous l’avez deviné, la prochaine étape sera la khaïma.

La khaïma

« Khaïma » veut tout simplement dire « tente » en arabe. Également appelée tente caïdale, ou tente noire, elle est le symbole de la vie nomade des populations nomades du Sahara. Bien que ses matériaux et sa forme tendent à varier d’une population nomade à l’autre, il n’en demeure pas moins qu’elle se doit de répondre aux besoins de la vie de nomade : être légère et facile à transporter.

La khaïma est une tente de forme pyramidale à toit conique. La symbolique de sa structure est intéressante à explorer. En effet, sa base incarne le monde et les quatre piquets qui la soutiennent représentent les quatre colonnes qui soutiennent la voûte céleste. Elle est recouverte ou de nattes de végétaux, ou de peau d’animaux qui permettent une imperméabilisation de l’habitat. Cette tente offre une bonne résistance contre les conditions rudes du désert (vents violents et les tempêtes de sable, fortes chaleurs du jour et froid de la nuit).

Chez les Touaregs, peuple berbère d’Afrique du Nord et plus précisément du Sahara, vivant principalement au Mali, au Niger, en Algérie et en Libye, les tentes appartiennent aux femmes : elles sont considérées comme les « gardiennes de la tente ». Les hommes, en revanche, sont associés à l’extérieur, ce qui les expose à des esprits malveillants. Le port du voile leur sert alors de protection. Les femmes sont de ce fait souvent appelées « celles des tentes » tandis que les hommes sont surnommés « les voiles ». Traditionnellement la khaïma se transmet de génération en génération et perpétue la transmission culturelle des us et coutumes.

Chez les Maures, société nomade de l’ouest du Sahara, la toile de la tente est faite à partir de bandes tissées de fils de laine de mouton noir et de poils de chameau, supportée par deux longs mâts d’environ 3,5 mètres en bois, et tendue par huit à dix cordes. Elle est également associée à la femme, et l’acte de naissance sociale de la tente est scellé par le mariage. En outre, son intérieur est pensé comme un corps humain : le toit est féminisé par un motif rectangulaire brodé de fils blancs appelé « collier de la tente » (glâdat el-khayma) et rappelle indéniablement une parure traditionnelle de femme.

La tente khaïma est utilisée dans de nombreuses régions du monde, attestant de sa praticité pour les peuples nomades.

La daboyta

La daboyta est une tente traditionnelle des Afars, un peuple principalement présent dans la corne de l’Afrique (Ethiopie, Djibouti, Érythrée). Cette tente, de forme hémisphérique, se caractérise par une structure faite d’arceaux en jujubier. Elle est recouverte de nattes en palmier et non en cuir animal, comme pour la khaïma.

En règle générale, la daboyta fait 2 mètres de haut sur 4,5 mètres de long. Lors de l’installation du camp, la tente est montée au milieu d’un enclos formé de pierres ou de branchages. C’est ici que se déroulent les activités quotidiennes et la réception des visiteurs. À l’intérieur, l’ameublement demeure minimaliste afin de faciliter le transport lors des déplacements.

La tente d’Afrique du Nord, que ce soit la khaïma ou la daboyta, est associée à la féminité. Chez les Afars aussi, derrière chaque tente, se trouve l’ouvrage d’une femme. Cette dernière est en charge du montage, du démontage et de l’entretien de la tente.

La tente représente à la fois un espace de vie intime et sociale et un symbole d’identité culturelle puissant dans un paysage aussi rude que magnifique.

Si les tentes sont toujours d’usage de nos jours dans ces régions du monde, les populations nomades sont néanmoins soumises à des tendances de sédentarisation, choisies ou contraintes. La tente nomade ne disparaît pas pour autant du paysage quotidien, perpétuant ainsi un mode de vie millénaire.